Dégradation persistante de la qualité de service (QoS) : l’ART en conclave avec les opérateurs

Dans une dynamique de concertation face à la dégradation persistante de la qualité des services télécoms sur l’ensemble du territoire, le directeur général de l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART), Pr Philémon Zoo Zame, a reçu en audience à l’Immeuble Platinum à Yaoundé, ce mardi 16 septembre 2025, les directeurs généraux de MTN Cameroon, Wanda Matandela, et Orange Cameroun, Patrick Benon.
Depuis plusieurs semaines, les plaintes des consommateurs se multiplient, dénonçant des interruptions fréquentes, des appels difficilement acheminés, une navigation internet instable et des débits en net recul. Ce mécontentement traduit une exaspération croissante des usagers, qui peinent à obtenir des prestations à la hauteur de leurs engagements financiers. Face à cette situation jugée préoccupante, le régulateur a tenu une séance de travail pour évaluer les actions entreprises par les opérateurs et envisager des solutions durables à la problématique de la qualité de service.
Au cours de l’audience, le Professeur Philémon Zoo Zame a exprimé sa préoccupation croissante quant à la dégradation persistante de la qualité de service. Il a exigé des responsables de MTNC et OCM une prompte réactivité et des mesures concrètes pour enrayer une crise qui s’installe. Les opérateurs, tout en reconnaissant les perturbations dans leurs réseaux, ont invoqué des facteurs exogènes tels que des incidents techniques et des contraintes liées à l’environnement opérationnel. Ils ont néanmoins assuré que des actions correctives sont en cours, promettant une amélioration perceptible dans les jours à venir. Le régulateur, tout en saluant ces engagements, a insisté sur la nécessité d’obtenir des résultats tangibles et mesurables.
Au-delà des questions de qualité de service, la rencontre a permis d’aborder des enjeux plus structurels, notamment le dossier relatif à la location de la fibre optique brute, cette infrastructure déployée mais non encore exploitée. Malgré des investissements annoncés à hauteur de 25 à 30 milliards, leur impact reste difficilement perceptible sur le terrain. Le directeur général de l’ART a souligné le potentiel de cette ressource pour renforcer la connectivité nationale, appelant à une meilleure coordination entre les acteurs dans une logique de mutualisation et d’efficacité économique. Les opérateurs, quant à eux, ont plaidé pour de meilleures conditionnalités tarifaires.
La gestion des fréquences hertziennes a également été évoquée. À ce propos, le régulateur a rappelé que leur utilisation doit répondre à des critères de transparence et de performance technique. Par ailleurs, les opérateurs ont exprimé leur inquiétude face à l’intensification des contrôles techniques, avec quatorze opérations d’inspection menées par l’ART depuis le début de l’année. Ils ont suggéré une rationalisation de ces opérations, estimant que celles-ci mobilisent des ressources humaines au détriment des efforts d’amélioration du réseau.
Un autre point évoqué concernait l’interprétation des textes réglementaires, notamment le mode de calcul des redevances des fréquences suivant l’arrêté conjoint n°000769/MINPOSTEL/MINFI du 28 décembre 2023 fixant les montants, contributions et modalités de calcul des redevances d’utilisation des fréquences radioélectriques ainsi que leurs modalités de paiement, en vigueur. Les opérateurs ont fait part des changements de paramètres non concertés, appelant à une clarification officielle par les autorités compétentes.
À l’issue des échanges, les parties prenantes ont reconnu la nécessité d’une concertation élargie et structurée, capable de répondre aux défis techniques, sociaux et réglementaires du secteur. Une plateforme de suivi a été proposée, accompagnée d’un appui technique renforcé. Tous ont convenu que seule une réponse concertée et urgente permettra d’éviter la répétition des crises, au détriment des consommateurs des produits et services des télécommunications.
ESMA