Le 3 octobre 2025, à Douala, l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART) a tenu deux séances de travail stratégiques avec les opérateurs concessionnaires MTN Cameroon et Orange Cameroun. Ces rencontres, présidées par le directeur général de l’ART, le Pr Philémon Zoo Zame, s’inscrivent dans le cadre du suivi des investissements engagés par les opérateurs télécoms pour améliorer la qualité de service (QoS) offerte aux usagers camerounais et l’expérience utilisateur (QoE) sur l’ensemble du territoire.

Parmi les sujets abordés, la coordination des fréquences avec les pays voisins (Tchad, Gabon, Congo) a suscité une attention particulière. Le déploiement de technologies dans des bandes non planifiées au Cameroun complique la transition vers la 4G dans la bande 900 MHz, avec des risques de brouillage et d’incompatibilité, notamment en zones frontalières. Le régulateur appelle à une concertation régionale renforcée et à une réflexion nationale concertée avant toute décision technique. Les discussions ont également porté sur la problématique du nombre d’abonnés actifs, essentielle pour le reporting et la mesure réelle de la couverture du marché.

La question de la compatibilité des terminaux en zones rurales a également été soulevée. Une majorité d’usagers utilisent encore des téléphones fondamentaux, limités à la 2G ou 3G. L’introduction de la 4G nécessiterait une politique publique d’accompagnement ou une stratégie d’adaptation progressive.

Sur le plan financier, les directeurs généraux, Wanda Matandela de MTN Cameroon et Patrick Benon d'Orange Cameroun, ont présenté des engagements initiaux estimés à 30 milliards FCFA chacun, doublés en 2025. Ces investissements ont été orientés vers le renouvellement des équipements, l’entretien des sites existants et le développement du réseau d’accès, notamment dans les métropoles. L’analyse du trafic montre une transition nette vers la 4G, qui représente aujourd’hui 90 % du trafic data.

L’ART a recommandé la mise en place d’un mécanisme de suivi semestriel, permettant aux opérateurs de présenter l’évolution de leurs investissements et de corriger les écarts observés. Ce format interactif renforcerait la transparence et l’efficacité du dialogue entre régulateur et opérateurs.

En complément des travaux techniques, les opérateurs télécoms ont annoncé une campagne de communication interactive, prévue pour fin octobre, début novembre, en commençant par la ville de Yaoundé. Le directeur général de l’ART a vivement recommandé que cette initiative soit bilingue, substantiellement pédagogique et mise en oeuvre en relation avec les associations de protection des droits des consommateurs. La campagne visera à informer les populations sur les causes des perturbations, à valoriser les efforts d’amélioration consentis par les parties prenantes, à expliquer visuellement les évolutions du réseau, et à sensibiliser le public à l’usage des terminaux de communications électroniques.